2020, Joséphine a dix ans. Depuis sa naissance, Arno Brignon la photographie, dans une lutte qui semble perdue d'avance, pour qu'elle ne lui échappe pas trop vite, pour que la fusion douce et amoureuse d’un microcosme à trois perdure. L’année est charnière, l’école va désormais s'appeler collège, le grand théâtre de l’adolescence s’annonce, bouleverse les corps et les émotions. La bascule penche déjà et pointe à bas bruit la fin de l'enfance. Tout est écrit, à chaque signe d'autonomie, le cocon familial se fissure. Mars, le monde s’arrête trois mois, Joséphine, Arno et sa femme se rapprochent dans le huis clos du confinement, comme par miracle, lovés dans le calme trompeur de l'œil du cyclone. Un temps gagné sur la métamorphose, volé à la pandémie et à la sidération mondiale. Un temps lent presque suspendu, à l’écoute d’une mue imaginale en route vers l’imago. Un temps où leur réalité distanciée côtoie une fiction heureuse, une pause vers un avenir ponctué de doutes et d’inquiétudes.
